Le papier a de la valeur. Il est renouvelable, personnel et utile. Plus nous savons de choses à son sujet et plus nous sommes en mesure de faire des choix intelligents lorsque vient le temps de nous en servir.
La belle histoire du papier
Le papier est né en Chine vers la fin du IIIème siècle avant l’ère chrétienne, sous le règne de l’empereur Chiuangdi (dynastie des Qin). Le Ministre de l’Agriculture Tsaï-Lun réussit, à l’aide de vieux chiffons et d’écorces réduits en bouillies, à confectionner une pâte qui, passée dans un tamis et séchée, donnait une feuille d’une éclatante blancheur.
Au VIIIème siècle, les arabes apprennent l’art chinois de fabrication du papier, et le transmettent peu à peu à l’occident. Au XVème siècle, l’invention de la typographie par Gutenberg accroît la consommation de papier. Mais c’est au XIXème siècle que l’industrie du papier prend réellement son essor. Au siècle suivant, elle devient l’industrie lourde que nous connaissons aujourd’hui.
Le papier est d’abord le support de l’écriture, ce pourquoi il fut probablement pour la première fois utilisé, il y a environ 2 000 ans. Le papier a toujours accompagné l’activité et le développement de l’homme, assurant par là même l’essor des peuples qui en maîtrisaient la fabrication
Indispensable papier !
Peut-on imaginer un monde sans papier ? Quel matériau présente aujourd’hui autant de diversité d’utilisations pour un coût d’usage aussi modique ? Nous utilisons le papier tous les jours. Grâce au papier on peut lire, écrire, mais aussi envelopper, emballer, faire des billets, des mouchoirs, recouvrir des murs, et mille autres choses qui nous sont indispensables. Aujourd’hui, le papier et le carton sont omniprésents dans notre vie à travers leurs différents usages.
Le papier est le support privilégié de la communication écrite. L’écrit correspond à la représentation de la pensée par des signes conventionnels. C’est un moyen de :
- transmettre des connaissances, des idées et des savoirs
- communiquer (assurer un lien entre des personnes distantes)
- sauvegarder et archiver. En effet, alors que la mémoire ne dure que le temps de la vie d’un être humain, l’écrit lui survit indépendamment du support sur lequel il se retrouve
Le papier véhicule donc l’essentiel des échanges intellectuels de notre temps.
Procédé de fabrication
Le processus de base de fabrication du papier est le même depuis deux mille ans. Le papier est constitué de 70 à 95 % de matières fibreuses (cellulose, pâte mécanique ou vieux papier) et de substances telles que colles, pigments et liants (5 à 30 %). La première étape consiste à séparer avec des solvants les fibres cellulosiques de la lignine, les deux matières premières qui composent le bois, pour obtenir une pâte. Les différents procédés (mécanique, chimique, mi-chimique) nécessitent des quantités d’énergie et d’eau considérables. Il faut ensuite épurer et blanchir les fibres en utilisant des quantités massives de produits chimiques (organo-chlorés). La deuxième étape consiste à répandre un mélange de plusieurs pâtes très diluées sur une surface poreuse adaptée à travers laquelle l’excédent d’eau peut s’égoutter jusqu’à former une couche mince de fibres. De nombreux adjuvants minéraux (kaolin, talc), d’additifs chimiques et de colorants sont ajoutés pour obtenir la qualité de surface souhaitée. Les couches sont ensuite pressées et séchées avant de former des feuilles qui sont enfin enroulées en bobines.
Bilan environnemental
Au niveau mondial, 42% du bois exploité commercialement sert à fabriquer du papier dont 17 % qui provient de forêts vierges (source : réseau Eco conso). Depuis 1990, 9 millions d’hectares de forêt tropicale disparaissent chaque année, soit l’équivalent d’un terrain de foot qui disparaît toutes les deux secondes.
Mais les dégâts ne se limitent pas à l’abattage des arbres. Pour produire du papier, il faut beaucoup d’eau pour extraire la cellulose et beaucoup d’énergie pour sécher le papier. L’industrie papetière consomme 1 arbre sur 4 abattus dans le monde. La consommation de papier en France a été multipliée par 10 depuis 1950 pour atteindre la moyenne de 70 kg de papier par employé de bureau, par an.
80 kg de papier = 2 arbres= 320 à 4 000 litres d’eau (suivant la qualité du papier, pour 8 à 80 litres pour la même quantité de papier recyclé). Soit 25 kg de CO2.
Et le recyclage ?
Avec une tonne de vieux papiers, on peut obtenir 900 kg de papier recyclé, alors qu’il faut 2 à 3 tonnes de bois (environ 17 arbres) pour fabriquer une tonne de papier classique. Et chaque tonne de papier à base de cellulose fraîche demande jusqu’à 5000 kWh d’énergie tandis que la moitié suffit pour produire une tonne de papier recyclé. La production de papier 100% recyclé économise environ 90% d’eau. Enfin, elle génère 75% de pollution atmosphérique et 35% de pollution aquatique en moins … Aujourd’hui, 58% de la matière première utilisée par l’Industrie Papetière française est issue de papiers et cartons récupérés. Ce taux la hisse au premier rang des industries de recyclage en France. En 2006, 6,05 millions de tonnes de papiers et cartons récupérés ont repris le chemin du cycle papetier, soit autant de volumes qui n’ont pas été incinérés ou mis en décharge. Surtout, utiliser du papier recyclé, c’est encourager une politique de gestion des déchets et aider à la création d’emplois locaux. La collecte, le tri et le recyclage de 2 tonnes de papier de bureau par mois entraînent la création de deux emplois et une ville où travaillent 300 employés peut fournir du travail à une personne à plein temps.
Nous pourrions…
Apprendre à reconnaître les écolabels du papier. Choisir de préférence du papier 100% recyclé et labellisé plutôt que du papier certifié FSC ou PEFC, pour limiter le nombre d’arbres coupés ! Le label le plus exigeant est l’écolabel allemand Ange Bleu qui garantit un papier 100 % recyclé (dont au moins 65 % de fibres recyclées post-consommation), une production propre et le respect d’une réglementation stricte sur les produits chimiques utilisés. Viennent ensuite l’écolabel français Apur (Association des Producteurs et Utilisateurs de Papier Recyclé) qui garantit le taux de fibres de récupération post-consommation (60%, 80% ou 100%) ; et le Cygne Nordique qui garantit qu’au moins 15% des fibres proviennent de forêts certifiées durables ou 50% des fibres proviennent des restes de bois de scierie. Enfin, l’écolabel européen prend en compte les nombreux impacts sur les différentes étapes du cycle de vie du papier. Les grandes surfaces proposent généralement une référence de papier recyclé. Sinon, demandez pour encourager leur référencement …
Et l’avenir ?
Je vous propose d’en discuter dans un prochain article…
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